2023Derniers textes publiés :

Brecht Capiau :

Frédéric Crahay :

Agnès Graceffa : Ces Dames de Ravensbrück. Entretien avec Claire Pahaut

Nathalie Peeters : Krystyna Skarbek, une femme d’exception

Sarah Timperman : Rapatrier les survivants d’un autre monde

Yannik van Praag :



ANALYSES

Réalisé par John Madden, le film La Ruse retrace l’opération Mincemeat, une manœuvre de désinformation menée par les services de renseignement britanniques au printemps 1943. Objectif : tromper les Allemands en détournant leur attention vers la Grèce, pour mieux préparer l’invasion de la Sicile.


L’œuvre incontournable La Liste de Schindler est arrivée sur nos écrans le 2 mars 1994. En Belgique comme partout dans le monde, le public a alors découvert un film bouleversant à mille lieues des divertissements auxquels Steven Spielberg nous avait habitué. Retour sur une narration inédite de la Shoah, mais aussi sur un tournant dans l’histoire du cinéma.


Créée en 1925, il y a tout juste cent ans, et dissoute en 1945, la Schutzstaffel (SS) fut l’instrument central des crimes nazis et un symbole universel de terreur et de crimes contre l’humanité. Elle constitue un contre-exemple absolu pour les démocraties modernes.


La Vergangenheitsbewältigung, travail de mémoire allemand sur le passé nazi, a évolué depuis 1945, d’un refoulement initial à une culture mémorielle centrale dans l’identité politique du pays. Ce consensus est aujourd’hui confronté à la montée de l’AfD et à l’affaiblissement de certains engagements mémoriels, illustrés notamment en Belgique par le cas du cimetière de Lommel.


Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent à Phnom Penh et instaurent un régime qui se rendra responsable de la mort d’environ 1,7 million de personnes, soit 20 % de la population cambodgienne. Influencés par la Révolution culturelle chinoise et imprégnés d’un maoïsme radical, leur régime ultra-nationaliste sera marqué par une terreur systématique jusqu’à leur chute en 1979 face à l’intervention vietnamienne.


Claire Pahaut est engagée depuis plus de trente ans dans la transmission de la mémoire de la déportation. Elle revient ici sur la genèse de son ouvrage Ces Dames de Ravensbrück, fruit d’un long et minutieux travail de recherche qui permet de rendre hommage à près de 2 250 femmes déportées. Un travail scientifique rigoureux aux dimensions multiples : historique, mémorielle et pédagogique.


Il faudra attendre des décennies pour qu’un travail d’histoire, de mémoire et de reconnaissance révèle enfin l’ampleur et la diversité de l’engagement féminin dans la Résistance. Nancy Wake, à travers son parcours exceptionnel, incarne ces héroïnes restées trop longtemps dans l’ombre, dont l’histoire mérite d’être reconnue et célébrée.


Krystyna Skarbek, réputée pour sa bravoure et son sens de l’audace lors de ses nombreuses missions périlleuses en Pologne, en Hongrie, et en France  joua assurément un rôle crucial dans la Libération, et ce au péril de sa vie. Comme beaucoup d’autres femmes engagées dans la Résistance, son action est restée longtemps dans l’ombre des récits historiques dominants. 


Tandis que la plupart des Belges vivent dans la joie de la Libération, de nombreuses familles sont toujours dans l’attente de nouvelles de proches déportés. Les camps où ils sont retenus resteront pendant de longs mois sous le joug nazi avant d’être libérés par les Alliés. Durant le printemps 1945, le rapatriement s’organise sous l'égide d'institutions nationales et internationales, mais certains déportés ne rentreront qu’après des semaines, voire des mois.


Jean-Christophe Dubuisson, professeur d’histoire, conférencier et chroniqueur radio, a retracé les parcours de huit réfugiés juifs allemands durant l’Occupation, et des familles belges qui ont tenté de les sauver. Son livre L’épopée de huit réfugiés juifs allemands dans l’Europe occupée (Racine, 2023), né de l’interrogation sur son histoire familiale est le fruit de plusieurs années d’enquête.


Dans Comment meurt une démocratie, Benjamin Carter Hett dissèque l’effondrement de la République de Weimar, rappelant comment les intrigues politiques, les failles institutionnelles et l’exploitation des crises par les nazis ont précipité la fin d’une jeune démocratie. En déconstruisant les mythes d’une prise de pouvoir inéluctable ou légitime, l’historien américain offre une analyse dont les échos résonnent avec les défis des démocraties contemporaines.


Il a fallu du temps pour que la Shoah intègre le répertoire de la chanson française, à l’image du lent processus de reconnaissance mémorielle dans la société. Le sujet fut longtemps abordé de manière allusive, par des artistes directement concernés (victimes, enfants cachés, enfants de survivants). De la solennité de Ferrat à l’excentricité des Rita Mitsouko, de la pudeur de Barbara à l’ironie de Gainsbourg, chaque artiste a contribué, selon son histoire et son style, à la lente émergence d’une mémoire restée longtemps muette.